Ali
Altuntas (1927-2005) est né en Turquie, à Koyu, au coeur de l’Anatolie. Il a
grandi dans la montagne, au contact des traditions populaires. À sept ans, il
jouait d’une flûte de berger. Ali a étudié le ney avec Gavsi Baykara et Neyzen
Teyfik, deux grands interprètes de cet instrument. Il fût un des élèves favoris
de Neyzen Tevvfik. Ce dernier, par ailleurs derviche « Melâmî » et poète, avait
créé au ney un style d’exécution libre, comprenant différentes variantes : «
chah » « davout » « mansour » et «nisfiye».
Sans titre, encre sur papier, 25 x 17,5 cm.
Parallèlement
à sa carrière de musicien, Ali Dede va pratiquer l'encre, le dessin et la
gravure. Les formes de ses arborescences visuelles sont d'ailleurs apparentées à celles de ses improvisations musicales.
La rencontre, en 1976, d'Abidine Dino sera pour lui déterminante. Cet artiste
turc renommé guidera Ali Dede dans ses recherches plastiques, notamment dans
son travail des encres. L'oeuvre sera abondante, mais restera cependant
quasi-secrète.
Le travail plastique d'Ali Dede est imprégné de la poésie et de la
philosophie soufies. Dans ses quatrains, Omar Khayyam médite sur les ruines et
sur l'argile du potier faite de restes humains.
Pour Ali Dede, les pierres et les racines travaillées par l'érosion sont une des principales sources d'inspiration. Dans son œuvre graphique le travail de l'érosion devient l'oeuvre du plasticien. L'intérêt de Dede pour le travail de l'érosion naturelle est manifeste dans sa collecte de fragments de roche et de racines d'arbres. Ces racines et ces pierres sont ensuite souvent retravaillées. Les racines sont mises davantage à nu, mais le travail va aussi dans le sens de la quête d'une nouvelle identité de l'objet trouvé. Cette recherche n'est cependant pas volontariste; il s'agit d'une méditation sur le monde non apparent.
Richard Soudée
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